feat Santana & Gabriella

Les journées au commissariat sont terriblement longues. Entre les dossiers classés irrésolus et ceux qui encombrent mon horaire déjà plein à craquer, la seule chose à laquelle je peux rêver est d’arriver à la maison, rejoindre ma fille et me détendre. Malheureusement, quand on a un enfant, les moments zen sont rares. Il s’agit donc de trouver cet équilibre entre la mère très présente pour sa fille, et la femme qui voudrait un peu de temps pour elle. Aujourd’hui, cependant, je serais seule, en rentrant. Mon petit ange, Trixie, était partie pendant quelques jours avec sa classe, pour une sortie scolaire. Bien qu’une partie de moi se mettait à imaginer les pires scénarios, je ne pouvais faire autrement qu’accepter et la laisser aller. Une vraie mère poule, que voulez-vous! Dans ces temps-là, l’envie de profiter et sortir ne surgissait pas, les petits soucis encombrant mon esprit. Terminer. Il me fallait terminer la dernière page de ce dossier, et je partirais enfin. Mes plans ne changeraient pas tant; je me commanderais du chinois et regarderais une quelconque série jusqu’à m’endormir sur le canapé. En bref, ce que je faisais avant que Beatrice ne naisse. Des plans clairs et desquels je ne dévierais pas … ou peut-être que si, vu que deux collègues de bureau m’incitèrent à ne pas m’enfermer chez moi. « T’es pas fatiguée de jouer la mère au foyer? Allez, viens! On va faire un tour ce soir! » J’eus beau chercher un moyen de décliner leur offre, elles finirent par me traîner hors du bureau de force. « Trixie s’amuse avec ses amies. J’crois pas qu’elle aimerait voir sa mère avec d’horribles cernes sous les yeux juste parce qu’elle n’arrive pas à décoller de sa routine endormante! » Un bref soupir, un hochement de tête, et nous voilà parties, en route vers les bars, probablement, vu l’ambiance de fête que dégageait la rue sur laquelle elles marchaient.

Après quelques minutes à se promener ici et là, elles finirent par faire irruption dans un lieu plutôt rempli, les deux jeunes femmes avec moi ayant bu déjà quelques verres, sur leur chemin. J’étais, du groupe, la seule n’ayant encore rien consommé. Ça vous donne une idée du malaise qui s’installait entre moi et elles. Une envie folle de disparaître sans qu’elles ne s’en rendent compte me saisit, mais l’appréhension de les savoir incapable de se défendre dans un tel état me poussa à les accompagner jusqu’au Hunters’ Moon. Pendant que l’on s’approcha du bar, je remarquais la présence de petits groupes. En soit, rien ne me sauta vraiment aux yeux. Sauf, peut-être l’âge physique de certains. Mon dieu! Des mineurs, il y en avait certains ici qui ne pouvaient pas boire … et pourtant, on les servait. Mon âme de policière reprit immédiatement le dessus, alors que je m’adressais au barman. « Dites-moi, ces gens, vous ne leur vendez pas d’alcool, j’espère. Autrement, j’vais devoir reprendre le travail plus tôt que prévu. » Et sur, ce, je sortis discrètement mon badge. Mes collègues me firent de grands yeux, et le barman parut surpris. Il ricana, tout simplement, avant de partir. Choquée de sa réaction, je me promis de l’attendre ici, pendant que mon regard continuait d’analyser les lieux. C’est alors que je remarquais la présence d’une personne de petite taille, un homme, qui s’approchait d’une table où se trouvais une jeune femme. Je me tus, observant ce qu’il ferait, et le vis finalement se saisir du sac à main juste devant lui. Et merde! Il n’y avait que des fouteurs de trouble ici ou quoi? Je me levais d’un trait, mes yeux le fixant, et m’approchait, mais doucement. Il ne s’était pas rendu compte que je le regardais depuis le début. Tant mieux. Ma cible se déplaça plus loin, sûrement afin de pouvoir s’enfuir plus rapidement, mais je le talonnais, du moins jusqu’à ce qu’il s’installe à sa propre table se trouvant à l’autre bout de la salle. Question de ne pas causer trop de brouhaha ici, je préférais prendre place au bar, mais dans la partie du comptoir se trouvant vis-à-vis la table du voleur. Sirotant le verre qu’on m’apportait, j’analysais, du coin de l’œil, ce qu’il ferait ensuite. Dès que la situation tournerait au vinaigre, je lui passerais les menottes.